Tanguy Châtel
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Morts ou vifs ?

23 juin 2015

 

Les dernières nouvelles en provenance de Belgique font état d'une jeune femme, Laura, 24 ans, en excellente santé physique, qui n'est atteinte d'aucune maladie incurable. Elle déclare ne pas supporter de vivre depuis sa (tendre ?) enfance. Son mal-être,réel, défie la psychiatrie, et elle vient d'obtenir le droit d'être euthanasié. La demande a été validée par 3 médecins qui ont jugé que ses souffrances étaient insupportables et qu'elle devait pouvoir mourir.

 

Année après année, les belges ne cessent en l'espèce d'innover. Après l'euthanasie des mineurs, vont ils désormais autoriser l'euthanasie pour toute personne qui souffre d'un mal (de) vivre répété : les dépressifs, les névrosés, les addicts, les peines de coeur, les endeuillés, les divorcés, les SDF, les échecs scolaires, etc. ? Puisqu'il suffit d'une demande répétée allégant de souffrances subjectivement intolérables pour que les médecins s'exécutent et éxécutent sans frémir un acte présenté comme une délivrance...

 

Quelle idée véhicule-t-on ainsi de la vie ? Une vie normale serait-elle une vie délivrée de tout fardeau, de toute peine, de toute souffrance ? A contrario, une vie qui serait marquée par le poids, la peine et la souffrance serait-elle une vie "anormale" à laquelle il serait normal de préférer la mort ? Est-on bien sûr qu'il s'agisse d'une progrès ? Est-on bien sûr qu'il s'agisse de modernité ? 

 

Pourquoi les migrants d'Afrique du Nord ou d'Asie tiennent-ils donc encore autant à la vie ? Et pourquoi, pauvres de nous, tenons-nous tant à la mort ? 

 

Serait-ce parce que nous sommes précisément des pauvres de "nous". Obsédés par ce "moi" qui nous hante (mon corps, ma santé, mon sexe, mon argent, mon droit, ma mort...), nous vivons désormais les uns à côté des autres, obèses de tant avoir et de si peu être...

 

Serons-nous capables de proposer une société où il ferait encore bon vivre, où nos vies gavées cesseraient de céder à l'inexorable lassitude pour mieux se déployer hors de soi, en direction de l'autre, et avec lui, découvrir des horizons d'une insoupçonnable richesse ?

Tanguy Châtel

(33) (0)6 75 06 76 15 

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