Depuis le début du 20ème siècle, notre époque est caractérisée par un individualisme et un matérialisme grandissants qui semblent s'être accompagnés d'un déclin préoccupant de l'esprit collectif et des solidarités. Le souci de soi en serait venu à primer sur le souci de l'autre et notre monde serait désormais en danger d'atomisation sociale.
Cette image, invoquée à l'envi, est cependant à nuancer. Si l'individualisme confine désormais à la transcendance de soi, il n'a pas pour autant éteint la solidarité. Sur fond de crises multiples (écologique, sociale, financière, etc.), il semble même l'avoir dynamisée. Celle-ci se réinvente et prend des formes inédites, le plus souvent en dehors des circuits institutionnels classiques.
Le goût de "vivre ensemble" n'est pas mort. Il vit encore même si c'est souvent de manière paradoxale. Réussir à vivre pour soi tout en prenant soin d'autrui est un défi très actuel.
Toute société repose sur la cohabitation d'individus unis par des intérêts et des liens communs.
Dans un monde individualiste et utilitariste, soumis à une pénurie croissante de ressources, confronté à des enjeux inédits (écologiques, économiques, démographiques, géopolitiques, technologiques, sociaux, etc.), quels sont les nouveaux visages et les nouveaux ressorts de l'entraide ? Comment se tissent les liens sociaux de demain ?
- Pendant des siècles, l'entraide était morale. Le souci de l'autre était pensé comme devant nécessairement être désintéressé. Cela a conduit à survaloriser l'abnégation, la privation et l'esprit de sacrifice.
- Face aux défis modernes, dans le système culturel contemporain, les formes d'entraide qui se développent ne semblent plus pouvoir se fonder sur un oubli de soi aussi radical. L'intérêt personnel rejoint l'intérêt collectif, la redistribution cède le pas devant le partage, le don "pur" glisse vers le donnant-donnant, voire le gagnant-gagnant jusqu'à parfois l'alliance...
Fort de ces nouvelles représentations, ce sont assurément de nouvelles socialités qui sont à l'oeuvre...
Mes thèmes de recherche
Mes recherches abouties
"Dis, toi plus moi, ça fait combien ?" (un enfant)
"Oh donne nous la force et la science
de lier notre vie en espalier
et le printemps autour d'elle commencera de bonne heure"
(Rainer Maria Rilke, Le livre de la pauvreté et de la mort, 1902)
«…car la mort recule devant le don » (Tobit, 4, 10)